Boulevard de la Légion d'Honneur
44600 Saint-Nazaire
France

Arrivé sans coup férir sur les scènes, Jay Jay (de son vrai nom Jäje) Johanson s’est imposé en trois albums avec son trip pop mélancolique et brumeux. Ce crooner suédois, originaire de Trollätten, décline une nouvelle carte du Tendre version 2000 puisqu’il raconte des histoires d’amour traditionnelles. Avant de s’imposer, il a appris patiemment à maîtriser plusieurs instruments (puisque depuis l’âge de sept ans, il s’est essayé avec succès au piano, saxophone, à la flûte et clarinette, guitare et basse ; il a fréquenté la fac de musique pour apprendre à composer des arrangements pour cordes…) et s’est rompu aux méthodes électroniques les plus modernes. De « Whiskey » (« C’est mon alcool préféré, car c’est à la fois doux et mielleux comme les chansons rétro, mais aussi fort et piquant comme les nouveaux rythmes » dit-il) à « Poison », Jay Jay a tissé le cadre de sa musique, quelque part entre la clique des Björk, Massive Attack ou Portishead, l’easy-listening, les complaintes lapones et la drum’n bass. Il a séduit les publics et les scènes avec sa voix ahurissante, sobrement soulignée de scratches mélancoliques, d’orgues, de cordes ; sans oublier ce physique frêle vêtu de tee-shirts superposés. Cet amateur de Michel Legrand, Françoise Hardy ou Chet Baker n’oublie pas les bidouilles d’époque : batterie préprogrammée, vocoder, bandes retravaillées… Il s’intéresse aux scratchs, occasion, pour lui, de mixer une écriture un peu rétro à de nouveaux sons. Ses textes sont travaillés, écrits, pesés. Il y parle souvent d’amour, de désirs et de filles. Il reconnaît n’écrire que lorsqu’il est déprimé, qu’il se sent seul et avoue peindre sa musique. Un mélange détonant de mélancolie chantée façon crooner, de sons modernes pour dance-floors, d’ambiances jazzy et d’atmosphères trip hop. C’est dans les petites salles sombres et intimistes que la musique du géant blond trouve toute sa saveur. Il faut ressentir viscéralement ses climats planants, sombres, bas et lourds, romantiques et se laisser pénétrer de cette voix chaude et caressante.
2011 : c’est le retour inespéré du crooner suédois ! On avait découvert le gaillard en 1996 avec « Whiskey », convaincante collision des sonorités trip-hop de Portishead et des mélodies élégantes du cool-jazz façon Chet Baker. Et puis on l’avait vu prendre un chemin marqué par l’intensification de l’électronique et l’adoption de coupes de cheveux assez improbables (le paroxysme étant atteint à l’époque de l’album « Antenna », un iroquois à mèche roux de funeste mémoire). Quinze ans et huit albums après ses débuts, le garçon est revenu à la sobriété, arborant désormais une simple queue de cheval d’artiste bohême et se frottant à ce qu’il sait faire de mieux : des ballades fragiles où sa voix androgyne caresse le tympan et charme les cœurs sensibles.